Archives départementales de l'Indre

17) Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute, à Jeu-les-Bois (1785)

Sous l’Ancien Régime, le commerce des « bleds », c’est-à-dire des céréales, est soumis à des récoltes irrégulières et à un transport coûteux faute de voies de communication nombreuses et praticables, auquel s’ajoutent des péages. Le droit d’usage des pâtures est également contraint par les récoltes de foin et la repousse de l’herbe. Aussi la gestion des droits d’usage, à commencer par la « vaine pâture », dont le principe était au cœur de l’économie agraire, et l’organisation des pâturages inspirent-ellesune réglementation incessante et bien souvent contraignante pour les paysans, comme le souligne le curé de Jeu-les-Bois.

Registre paroissial de Jeu-les-Bois (AC 089/GG 2, vue 60)
Registre paroissial de Jeu-les-Bois (AC 089/GG 2, vue 60)

« Cette année [1785] a été remarquable par la sécheresse. Le samedi veille
du dimanche de la Passion, il tomba tant de neige qu’en des
endroits il y en avait haut de huit à dix pieds. J’ai ouï dire que
des personnes avoient été obligées, le matin pour sortir, de monter
dans le grenier et passer par la fenêtre. La neige resta très longtems
sur terre. J’en trouvai peu à la vérité le mardi qui précédoit le jeudi
du sinode en allant à Bourges. Elle fondit et se dissipa sans pluie.
Il fit un tems sec jusqu’à la Saint Pierre, ce qui produisit beaucoup
de sauterelles dans les prairies, de sorte que la disette en foin fut si
grande que dans les près le peu qu’on recueillit de foin fut vendu dix
francs le quintal. Le seigle fut médiocre, les fromens bons, point d’avoine [...],
peu de marsèche*, beaucoup de vin partout. La vigne de la cure en donna
dix huit poinçons sans pres[s]oir (?) mais en général de faible qualité parce que depuis
la Saint Jean jusqu’à Noël suivant les pluies furent très abondantes, ce qui donna
des secondes herbes que la plupart firent faucher, mais les bestiaux vécurent bien
par les soins du gouvernement qui empê[c]ha qu’on ne menât les bêtes pacager dans
les prairies communes qu’après la Saint Michel. Encor il fallut user d’adresse pour en
avoir la permission, voulant laisser aux propriétaires de ces communaux la liberté
de réparer la disette de la première récolte. L’hiver rendit les vins meilleurs.
»

* marsèche : orge de mars.

Voir le document  

Source : registre paroissial de Jeu-les-Bois

Cote : AC 089/GG 2, vue 60 

Partager sur